Les obturateurs: Petite histoire

Dès les années 1840 apparaît la nécessité d'avoir un obturateur pour pouvoir contrôler l'exposition  en plein soleil avec plus de précision que le simple bouchon.

En 1849 Hyppolyte Fizeau (1819-1896) et Léon Foucault (1819-1868) inventent alors l'obturateur à guillotine lors de leurs travaux célèbres pour déterminer la vitesse de la lumière.  La guillotine est une plaque percée d'un trou qui chute derrière l'objectif. La taille du trou ainsi que le poids de la plaque détermine le temps d'exposition.  Il est possible de changer la vitesse avec un ressort à tension variable (en caoutchouc puis en métal). Cependant le nombre de vitesses accessibles est faible et limité à un secteur compris entre 1/50eme de seconde et 1/200eme (selon mes constatations). Cet obturateur est détrôné par les obturateurs à plan focal qui génère moins de vibrations et son moins encombrants. Cependant certains appareils stereo en furent équipés jusque dans les années 1930 (Gallus ou Richard en France).  Ces obturateurs sont encore utilisées dans des appareils scientifiques pour obtenir des vitesses très élevées.
Beaucoup d'obturateur à guillotine adopte des forme d'ouverture permettant de donner plus de lumière au bord de la plaque pour compenser le vignetage des optiques de l'époque.

Illustrations de 1888.



Planches tirées de La Nature, Revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie. Suivi de : Bulletin météorologique de La Nature, Boîte aux lettres, Nouvelles scientifiques, année 1891 N° 914 à 939. Cote
CNAM 4° Ky 28.36. Montrant de nombreux obturateurs à guillotine ainsi que d'autres modèles comme des obturateurs à rideau ou rotatifs. Page de la bibliothèque numérique du CNAM.



Entre les années 1850 et 1880 les obturateurs sont encore des accessoires rarement utilisés en pratique, donc il est extrêmement rares d'en trouver sur le marché de la collection. Pourtant c'est entre ce années là que tous les types d'obturateurs sont inventés. Pour connaître les différend types alors sur le marché je vous suggère de lire les quelques pages de la Revue La Nature de 1891 au sujet de la photographie instantanée que l'on peut trouver sur le site Bibliothèque en ligne du Centre National des Art et Métiers. ( page1, page2, page3, page4, page5,). Les deux illustrations ci-dessus en sont tirées.

Voila d'autres illustrations d'obturateurs divers et parfois bizarres.

1882

Obturateur de 1892                                                                    1893

1895


Rapidement ensuite apparait l'obturateur à volet par Guerry (figure 2 de la première illustration) à un ou deux volets. Les illustrations sont de 1899.


Puis apparaît l'obturateur à rideau qui en est un dérivé. Il est appelé aussi obturateur à plan focal mais peut-être utilisé devant un objectif comme cela était courant au XIXeme siècle. Il sera appelé à un grand avenir. En 1860 William England invente un obturateur à un seul rideaux, l'année suivant Humbert de Molard (1800-1874) sort un modèle à deux rideaux proche des modèles modernes. Au début sa vitesse est limité à 1/20eme à 1/100eme de seconde.  Puis progressivement l'espacement entre les deux rideaux se réduit aux vitesses maximum, il permet des vitesses atteignant le 1/10 000 eme de seconde dès l'aube du XXeme siècle (rideau métallique de l'appareil Sigriste) et ce sur de très grandes surfaces (grand format actuel). La photographie suivante montre un obturateur de marque Thornton-Pickard (Manchester 1888-1939) produit à partir de 1892 en très grande quantité, ce qui permet d'en trouver encore en bon état de marche. Je vous propose la page réalisé par Maël Bilquey sur le Forum du Site de Sylvain Halgand ou est décrit en détail comment fonctionne un obturateur à rideaux.


A la même époque apparaît l'obturateur rotatif qui jamais n'aura un grand succès en dépit de sa grande fiabilité. Peut-être était-il trop encombrant par rapport à l'obturateur central? La figure 17 de la première gravure en montre un.  Les deux gravures suivantes montrent un obturateurs rotatif Le Cyclope ainsi qu'un obturateur Decaux (1897)


L'obturateur central dont le principe est connu depuis les années 1860 avec l'obturateur de Mann à 2 lames apparaît massivement dans les 1880 avec l'apparition d'appareils portables avec des pellicules sensibles, rendant l'utilisation d'un obturateur obligatoire. Alors une floraison de divers modèles se retrouve sur le marché, avec une prédominance de matériel Américains jusqu'à l'hégémonie Allemande des années 1910-1920. L'avantage par rapport à l'obturateur à rideau est évident, plus compact, plus silencieux, même si sa vitesse maximale est plus modeste. Le nombre de lames passe rapidement de 2 à 6 voire plus. La régulation des vitesses est d'abord effectuée par un ressort à tension variable, puis par un frein pneumatique réglable dès 1885.
Beaucoup des premiers modèle étaient à diaphragme couplé à l'ouverture avec un seul jeux de lames (Sands Hunter and Company, en 1881à deux lames puis Bausch & Lomb (1890), Goerz (1904) etc.. à de multiples lames. Ce type est encore utilisé sur les appareil de bas de gamme argentiques.
Rapidement les lames d'obturation et de diaphragme deviennent distinctes ce qui améliore la précision.  Certains modèles revendique rapidement une vitesse phénoménale de plus d'1/2000eme comme le Multispeed, mais de nos jours aucun n'est plus en état de marche, contrairement à beaucoup de modèles plus modestes. En général la vitesse maximale des plus petit modèles est d'un 200eme de seconde au départ, et ne dépasse que rarement le 1/500eme depuis les années 1930 (compur).
Au début du 20eme siècle apparaît le mécanisme des vitesses lentes chez Ilex (1910) qui vend à Deckel la licence ce qui permettra à celui-ci de créer les obturateurs les plus demandé (compound, compur...). Ce mécanisme est simplement l'adaptation de l'échappement d'horlogerie connue depuis le moyen age.
A partir des années 1960 apparaît la régulation électronique des obturateurs centraux (Ilex, Compur, Prontor) mais déjà le domaine d'utilisation de ces obturateurs est battu en brèche par l'obturateur à rideau accompagnant l'émergence du réflexe 24x36. L'obturateur central n'est plus utilisé que sur les chambres photographique et sur les compact, donc au deux extrêmes du champ photographique.  Actuellement en 2008 il ne subsiste plus que le Japonais Copal à fabriquer ce type d'obturateur, de plus il ne fabrique que des modèles entièrement mécaniques.

Catalogues Américains des années 1920.


Obturateur Ilex "derrière l'objectif" des années 1930                                            Sinar Copal des années 1980